LES SAPEURS DU GENIE DE LA GARDE

16/12/2015 17:03

Encore un défilé d'un régiment de la Garde Impériale. Cette fois-ci ce sont les Sapeurs du Génie.

Cette unité est créée tardivement, puisque c'est le 16 juillet 1810 que Napoléon décide la mise sur pied d'une compagnie qui sera attachée à la Garde et destinée à faire le service des pompes dans les palais impériaux.

Si l'on en croit Marco de Saint Hilaire, ancien page de la cour impériale, jamais à court d'anecdotes, Napoléon aurait créé cette compagnie suite à l'évènement suivant :

"Il y avait au palais de Saint-Cloud un corps de garde placé sous le grand vestibule.

Une nuit que les soldats de ce poste avaient fait du feu outre mesure, tandis que l'Empereur habitait cette résidence, le poêle devint si brûlant, qu'un vieux fauteuil, qui se trouvait adossé à l'une des bouches qui chauffait un salon intérieur, prit feu, et la flamme se communiqua promptement à tous les meubles.

L'officier du poste, s'en étant aperçu, prévint aussitôt monsieur Charvet, le concierge du château, qui courut au logement du Grand Maréchal du Palais, Duroc, qu'il réveilla.

Celui-ci se leva en toute hâte, recommanda le plus grand silence, et organisa aussitôt une chaîne. Duroc ainsi que Charvet se placèrent dans le bassin même qui est dans la cour d'honneur, et passèrent des seaux aux soldats.

Une heure après, le feu, qui avait dévoré le mobilier du salon, était éteint.

Ce ne fut que le lendemain matin que les hôtes du palais apprirent l'évènement.

Pour prévenir de pareils accidents, Napoléon organisa une garde de nuit. Toutes les résidences impériales en eurent successivement une semblable. Cette garde, composée de sapeurs du Génie, fut appelée chambre de veille"

Ce serait l'origine de cette compagnie de 120 hommes issus des bataillons de la ligne.

En fait, sa création serait plutôt due à un épisode autrement plus dramatique, le grand bal du premier juillet 1810, donné par Schwarzenberg, à l'ambassade d'Autriche pour fêter le mariage avec Marie-Louise.

Savary, ministre de la police, fait le récit suivant :

"L'on avait construit, à côté de l'appartement principal de son hôtel, une vaste salle de bal, en charpente légère. la tenture était recouverte d'étoffe brillante ...

Cette vaste salle, magnifiquement décorée, était éclairée par une grande quantité de lustres qui étaient suspendus à sa voûte ...

L'Empereur avec l'Impératrice , la reine de Westphalie, et la vice-reine d'Italie étaient arrivés, et le bal était dans sa plus grande vivacité, losqu'une bougie mit le feu en s'inclinant à une des guirlandes de fleurs artificielles qui décoraient le pourtour de la galerie.

Le courant d'air étendit le feu avec la rapidité de l'éclair et le porte jusqu'à la salle du bal, qui fut enflammée dans un clin d'oeil"

quelques photos du décor

Napoléon et Marie-Louise peuvent s'échapper. Très vite le feu dévore tout et la bousculade pour fuir le brasier devient générale.

Les pompiers arrivent avec une demi-heure de retard et n'ont pas d'eau dans leurs pompes.

60 personnes périront dans l'incendie qui se terminera par des scènes de pillage de la populace pour voler les bijoux des défunts.

La colère de Napoléon est à son comble. Il destitue Dubois, le préfet de police et fait arrêter l'architecte qui avait construit la salle de bal.

15 jours plus tard, le 16 juillet, il crée la Compagnie de Sapeurs du Génie de la Garde.

Leur effectif atteindra 400 hommes en 1813.

Ils étaient commandés par le général Kirgener.

Ils participèrent à la campagne de Russie. Ils protégèrent le Kremlin des incendies allumés sur ordre de Rostopchin.

Ils contribuèrent au franchissement de la Bérézina. Pour fabriquer les 2 ponts de chevalets, il fallait relever les hommes tous les quarts d'heure pour leur éviter de geler.

Marco de Saint-Hilaire (encore lui) les décrit ainsi :

" Chez les Sapeurs du Génie, tout est méthodique et régulier. C'était en quelque sorte un homme tout d'une pièce. Il avait une gravité qui ne se démentait jamais. Sa figure flegmatique reflétait les occupations de son métier et le genre de courage qu'il éxigeait.

L'ensemble de sa personne, sa tenue, son langage annonçait ce qu'il était.

Placé en dehors des grands mouvements militaires, cette situation contribuait sans doute à lui donner ce cachet de calme et d'impassibilité qui le caractérisait essentiellement.

Le Sapeur du Génie était le philosophe de la Garde Impériale."

Les Sapeurs du Génie de la Garde seront licenciés le 16 octobre 1815.

Seul survivra la forme de leur casque qui coiffera les pompiers jusqu'à la fin du 19ème siècle.