7 Septembre 2016
Extraits des mémoires du sergent-major Gastinieau.
"Peu avant de commencer la retraite, on nous avait appris qu'une nouvelle armée ennemie, revenant de Moldavie, se dirigeait à marche forcée sur la vieille route de Moscou, vers celle où nous marchions..."
La petite troupe se réfugie dans le village de Liakhovo.
"Nous occupons un petit bourg formé d'une trentaine de maisons construites en bois.
Nous sommes là depuis 4 jours, sans vivres ... Nos soldats peuvent à peine tenir leurs armes, le moral est frappé, il n'y a presque plus d'énergie, le feu sacré s'éteint chez eux.
La nuit fait des victimes et cependant nous devons combattre ...
Nous sommes dans les premiers jours de novembre 1812, un matin je vois venir à nous, au grand galop, un cavalier français. Il tient en main un papier sur lequel sont inscrits ces mots : " je vous donne avis qu'un gros de cavalerie ennemie se porte sur votre position. Défendez-vous et surtout gardez votre poste".
A peine avons nous pris les armes qu'un gros de cavalerie se dispose à faire une charge sur notre poste avancé.
Le signal est donné, l'ennemi se précipite sur cette faible troupe, qui est coupée en pièces, tandis que nous renforçons notre ligne de nouveaux tirailleurs qui font des prodiges de bravoure...
Il faut rester ferme à ce maudit poste où plus d'un tiers de nos hommes viennent d'être frappés, morts ou blessés, sans moyen de pensement ni autres secours que ceux que chacun pouvait donner...
On fait savoir que les tirailleurs ont épuisé toutes leurs cartouches ; Ils en demandent de nouvelles."
Gastinieau part avec un groupe de soldats au caisson pour se ravitailler, il revient vers sa troupe.
"Nous marchons vers nos tirailleurs que je fais prévenir de se rendre isolément près de moi pour ne pas dégarnir leur ligne en venant tous à la fois.
Déjà plusieurs viennent d'être servis quand j'entends sonner la charge de la cavalerie ennemie : toute leur ligne est formée pour courir sur la nôtre.
Je donne l'ordre de rallier pour résister, mais il est trop tard, nous sommes chargés isolément.
Je vois fondre sur moi un Bachkir qui crie : Rends toi, Français !
Je me dispose, au contraire, à me défendre, tenant mon sabre de la main gauche et la droite disposée à lacher mon pistolet vide pour saisir le bâton de sa longue lance.
Il s'en aperçoit, fait un mouvement de sa longue hallebarde, pousse son cheval au galop, le fer touche la cuisse droite et me couche par terre parmi les morts et blessés.
Je fais le mort, tout l'escadron qui marche derrière me passe mais pas un cheval ne me touche."
Blessé, Gastinieau sera fait prisonnier.
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